Définition
Le revenge porn consiste à diffuser des images de nus ou à caractère sexuel sans l’autorisation de la personne qui apparaît sur ces images. Peu importe que la personne représentée ait donné l’autorisation de créer ces images ou qu’elle les ait créées elle-même ; dès lors que cette personne n’a pas donné l’autorisation de montrer ou de diffuser ces images, il est question de revenge porn.
Le terme « revenge porn » suggère que les images sont diffusées dans un but de vengeance, mais en réalité, les motifs des auteurs peuvent être divers :
- Ils/Elles peuvent utiliser les images pour menacer la victime, ou pour la forcer à donner de l’argent, à fournir d’autres images, à effectuer des actes sexuels, ou encore pour la faire taire à propos d’un autre délit, ...
- Ils/Elles peuvent vendre les images à des tiers, par exemple des sites internet.
- Ils/Elles peuvent montrer les images à leurs ami-e-s pour s’amuser.
- …
Le législateur donc utilise le terme plus général de « la diffusion non consensuelle d’images et d’enregistrements à caractère sexuel »
CONSÉQUENCES DE LA DIFFUSION NON CONSENSUELLE D’IMAGES ET D’ENREGISTREMENTS A CARACTERE SEXUEL
L’impact de la diffusion non consensuelle d’images et d’enregistrements à caractère sexuel est énorme. Une fois qu’une photo de nu ou à caractère sexuel sur laquelle vous apparaissez circule sur internet, il est difficile de la supprimer. C’est possible que vous y êtes constamment confronté-e. La peur par rapport aux réactions de vos connaissances peut également être très difficile pour votre bien-être mental. Peut-être aurez-vous le sentiment de devoir déménager ou changer d’emploi, ou de devoir vous retirer complètement du monde numérique.
C’est précisément parce que la diffusion non consensuelle d’images et d’enregistrements à caractère sexuel peut causer d’importants dommages à la victime et à la société dans son ensemble que le législateur l’a rendue passible d’une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans. En fonction de l’âge de la victime et de l’intention de l’auteur-e, des peines plus lourdes sont possibles. Ces sanctions s’appliquent à la fois au diffuseur initial (qui peut également être le créateur des images) et à toute personne qui montre ou diffuse les images par la suite. Cela inclut les plateformes internet qui refusent de retirer les images sur ordre du juge ou à la demande du ministère public. Les plateformes risquent des amendes allant jusqu’à 15 000 euros.
Depuis le 1er juillet 2020, le législateur a explicitement attribué à l’Institut la compétence d’assister les victimes de la diffusion non consensuelle d’images et d’enregistrements à caractère sexuel.
Manuel
L’Institut a élaboré un manuel qui explique, étape par étape, comment procéder pour signaler vous-même des images auprès des plateformes afin de les faire supprimer. D’autres plateformes viendront s’ajouter à ce manuel au fil du temps. Le manuel explique également comment déposer plainte à la police, ainsi que les conséquences d’une plainte.
Vous ne trouvez pas les informations que vous cherchez dans ce manuel ? Ou les images en question n’ont pas été supprimées ? Prenez contact avec l’Institut et nous examinerons ensemble la façon dont nous pouvons vous aider.
Si vous craignez que vos images intimes soient ou seront partagées, vous pouvez télécharger vos images de manière préventive sur le site https://stopncii.org/. Ce site web a été développé par UK Revenge Porn Helpline, une organisation qui a des années d'expérience avec ce phénomène. Via ce site, vous pouvez télécharger des images intimes. Ces images seront transformées en une empreinte numérique (un « hash »). Sur la base de cette empreinte, l’image peut être reconnue, mais elle ne peut pas être reconstituée. Cette empreinte (et donc pas l’image en elle-même), est partagée avec d’autres réseaux sociaux, tels que Facebook. Lorsque quelqu’un essayera de partager cette image, elle sera reconnue sur la base de son empreinte numérique et bloquée.
Le site web permet également, si vous le souhaitez, d’être tenu au courant du processus et donc de voir si l’image a déjà été bloquée.
Vous pouvez uniquement utiliser ce site si vous étiez majeur lorsque l’image a été créée.
Si vous rencontrez des difficultés dans l’utilisation de ce site web, si vos images ont été distribuées sur d'autres réseaux qui ne coopèrent pas encore avec StopNCII.org, ou si vous êtes à la recherche d’une autre assistance ou que vous souhaitez déposer un signalement à l’Institut, n’hésitez pas à nous contacter.
COMMENT L’INSTITUT PEUT-IL VOUS AIDER ?
Si vous êtes victime de la diffusion non consensuelle d’images et d’enregistrements à caractère sexuel, l’Institut peut vous aider en vous informant à propos de vos droits, de vos obligations et de vos possibilités d’actions, en vous apportant son soutien et parfois en entreprenant des démarches judiciaires avec vous.
Vous pouvez prendre contact à tout moment avec l’Institut, dans l’anonymat le plus complet et sans aucune obligation, si vous :
- Souhaitez de plus amples informations au sujet de vos droits et obligations.
- Souhaitez obtenir davantage d’informations sur la suppression des images, ou bénéficier d’une aide pour ce faire.
- Souhaitez déposer plainte auprès de l’Institut.
- Voulez déposer plainte auprès de la police mais que vous souhaitez des informations sur les conséquences de cette plainte.
L’Institut traite toute question, signalement ou plainte de manière confidentielle et n’entreprendra jamais des démarches sans votre accord. Vous pouvez nous contacter si vous êtes vous-même victime de la diffusion non consensuelle d’images et d’enregistrements à caractère sexuel (et ce quel que soit votre sexe ou votre genre), mais aussi si vous avez connaissance de la diffusion non consensuelle d’images et d’enregistrements à caractère sexuel ou si vous avez tout simplement une question à ce sujet.
Par ailleurs, l’Institut collabore également avec différents partenaires afin d’aborder le phénomène de manière structurelle.
Contactez-nous :
- en appelant le numéro gratuit 0800/12 800
- en remplissant le formulaire de signalement en ligne
- en envoyant un e-mail à l’adresse suivante : egalite.hommesfemmes@iefh.belgique.be
- en utilisant le formulaire de contact
L’Institut peut uniquement traiter les signalements concernant la diffusion non consensuelle d’images et d’enregistrements à caractère sexuel impliquant une victime majeure. Si la victime est mineure, vous pouvez prendre contact avec Child Focus en appelant le numéro d’urgence gratuit 116 000 (24h/24) ou en envoyant un e-mail à l’adresse suivante : 116000@childfocus.org.
Modèles de message/de lettre
L’Institut a mis au point différents modèles de messages/de lettres afin de signifier aux auteurs de comportement transgressif que cet acte est punissable par la loi et de leur demander de cesser immédiatement ce comportement.
Plusieurs modèles de messages/lettres ont ainsi été prévus, en fonction :
- du type de comportement transgressif : sextorsion, deepnude, diffusion non consensuelle d’images intimes, dickpic ;
- du profil : victime, témoin, receveur-euse, dirigeant-e d’entreprise ;
- du canal de communication : pour les réseaux sociaux, e-mail /courrier papier.
Les témoins jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les violences sexistes, notamment en soutenant les victimes et en sensibilisant les autres témoins.
RECHERCHE
L'Institut a mené des recherches sur le sexisme et le revenge porn. Il en ressort que 1% des Belges ont été victimes de revenge porn. 15% des femmes et 3% des hommes ont déjà subi des pressions les poussant à prendre ou à faire prendre des photos dénudées. 15% des femmes et 7% des hommes ont déjà reçu des photos dénudées non sollicitées.
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